La mise en mémoire du paysage graphique de la ville. Le cas des collections numériques de lettrage urbain et ghost signs

Carlo Vinti
2020-01-01
2020
978-2-343-19303-8
Sur la présence d’écritures et de signes graphiques dans le territoire urbain, il existe une tradition d'études nourrie principalement par l'intérêt des designers graphiques et des connaisseurs de lettrage et de typographie. Pourtant, récemment l'attention portée à ce thème et, en particulier, la passion pour la redécouverte d'anciens lettrages, enseignes commerciales et messages publicitaires peints sur les murs, sont allées au delà de ce champs circonscrit, fréquenté par quelques spécialistes du genre, et se sont répandues parmi un public d'amateurs, actifs surtout dans les blogs, les sites internet et les réseaux sociaux. Des lettres sculptées, gravées, peintes, fabriquées au néon ou avec d’autres matériaux et techniques font de plus en plus l'objet d'une chasse photographique sur le territoire urbain et apparaissent dans les environnements numériques avec des hashtags tels que street typography, vernacular typo-graphy, vieilles enseignes, neon signs, neons and ruins, mur peints, old signs et plus fréquemment, ghost signs. Les collections constituées à partir de ces pratiques photographiques, d’une part, redonnent visibilité à des éléments des espaces urbains qui normalement passent inaperçus; d’autre part, elles contribuent souvent à définir l'identité d’une ville, de ses rues et de ses quartiers. Cette contribution vise à étudier la médiation numérique de ce type de collections et à observer comment les pratiques documentaires mises en œuvre par les usagers contribuent à la mise en mémoire et à la mise en récit de territoires urbains spécifiques. En particulier, ce texte tente de répondre aux questions suivantes : Dans quelle mesure le lettrage urbain, les enseignes commerciales ou les publicités peintes sur le murs sont mobilisés dans les processus de production de nouveaux genres de paysages urbains ? Comment les pratiques de documentation numérique des amateurs encouragent, d’une part, des nouvelles modalités d’exploration du territoire urbain et, d’autre part, des phénomènes de préservation et patrimonialisation de ces artefacts particuliers qui antérieurement étaient peu considérés par les institutions traditionnelles du patrimoine ? Quel type d'image et de narration du territoire urbain ces pratiques produisent-elles ? Le chapitre est divisée en deux parties: la première partie est consacrée à une synthèse de l'état de l'art et trace les enjeux théoriques soulevés par toute une tradition de documentation, représentation et interprétation du paysage graphique et publicitaire de la ville : des premières publications sur le sujet aux phénomènes les plus récents de création d'archives numériques et de plateformes en ligne par des amateurs. La deuxième partie se focalise sur l’observation des pratiques contemporaines de récolte photographique, collection, documentation et valorisation des éléments graphiques dans l’espace urbain, en se focalisant sur trois études de cas : la plateforme en ligne letteringda.com, le projet Ghostsigns (www.ghostsigns.co.uk) et le site dublinghostsigns.com.
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FDP - DISPOSITIFS DU VISIBLE ET DE L’INVISIBLE DANS LA FABRIQUE DES TERRITOIRES-1.pdf

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